Au champs
analyse complete
Aux champs
est initialement publiée dans la revue Le Gaulois du 31 octobre 1882, puis dans
le recueil Contes de la bécasse en 18831. La nouvelle est dédiée à Octave
Mirbeau. Cette nouvelle est, selon certains2, une des plus réussies et des plus
cruelles de cet auteur
Résumé
Deux
familles pauvres, les Tuvache et les Vallin, habitaient dans des chaumières. Un
jour M. et Mme d’Hubières passèrent en voiture et allèrent voir les enfants. M.
d’Hubières ne pouvait pas avoir d’enfants et voulait adopter le petit des
Tuvache, Charlot, et alla donc les voir avec son mari. Mais même avec une somme
de vingt mille francs ils refusèrent. Il alla donc chez les Vallin qui eux
acceptèrent de vendre leur fils Jean pour cent vingt francs par mois. Plus tard
quand Charlot eut 20 ans, Jean passa, en belle voiture, rendre visite à ses
parents sous les yeux de Charlot. Il était maintenant devenu riche. Au souper
Charlot se disputa avec ses parents en demandant pourquoi ils ne l’avaient pas
vendu. Sous la colère, et en les insultant, Charlot partit de chez lui et
disparut dans la nuit.
Les
personnages de la nouvelle
1)
La famille Tuvache et la famille Vallin : deux familles de paysans
pauvres et solidaires.
– On relève au début de la nouvelle le champ
lexical de la fusion : les deux familles forment deux groupes homogènes, elles
vivent dans des chaumières jumelles, travaillent la même « terre inféconde »,
ont un nombre identique d’enfants répartis de façon symétrique (trois filles et
un garçon, une fille et trois garçons).
– La destinée des deux familles paysannes : le
lecteur suit leur évolution, de l’union initiale (fusion, proximité, alliance
et entente du début) àla désunion finale (l’éclatement, la dispersion et la
haine de la fin). Les Vallin se sont enrichis et sont heureux, les Tuvache sont
toujours misérableset le malheur les frappe plus cruellement encore.
– Les
paysans sont disqualifiés dans cette nouvelle : ils ont un comportement
bestial, leur langue est déformée, leurs enfants se vautrent « dans la
poussière », leur intelligence est limitée. Les parents Tuvache sont «
stupéfaits et sans idée ». Au fil du récit, le narrateur emploie en effet un
lexique de plus en plus dépréciatif concernant les Tuvache, et en particulier
la mère : « ostentation », « grossières », « vociférées », « sans répit ». De
plus, il insinue progressivement le doute quant à ses véritables motifs.
A. Jean Vallin : comme les autres enfants, il
vit misérablement, dans la saleté. C’est un « marmot hurlant » qu’emporte Mme
d’Hubières. Pustard, il s’est transformé « Un jeune monsieur, avec une chaîne
de montre en or, descendit d’une brillante voiture ». Il parle bien : «
Bonjour, papa ;bonjour, maman ». Ces quelques détails montrent l’évolution de
Jean, sa promotion sociale. De plus, il a été élevé dans le souvenir de ses
parentsqu’il a quittés à quinze mois environ.
B. Charlot Tuvache : à quinze mois avec « ses
joues sales » et « ses cheveux blonds frisés et pommadés de terre », il a
attiré l’attention de Mme d’Hubières. À vingt et un an Charlot est resté un
rustre et il quitte ses parents car il leur reproche de ne pas l’avoir « vendu
» aux d’Hubières, d’être restés misérables, d’avoir fait son malheur en ne
faisant pas son bonheur, de l’avoir privé de cette chance d’ascension sociale. C’est luiqui
aurait dû revenir riche, bien habillé et bien élevé.
2) Les d’Hubières : une famille riche qui
appartient à la noblesse (particule « de » élidée).
– Le couple est peut-être en cure pour résoudre
un problème de stérilité « Nous n’avons pas d’enfants, nous sommes seuls, mon
mari et moi ». Rolleport est signalé comme une ville d’eau. Ils sont riches ce
qui va leur permettre d’obtenir ce qu’ils souhaitent : « acheter » un enfant.
Les d’Hubières représentent la richesse, mais aussi et surtout les « tentateurs
».
A. M. d’Hubières : -il est vraisemblablement
stérile, cela l’humilie : « ces admirations qui étaient une douleur et presque
un reproche pour lui ».
-Il apparaît
plutôt faible et uniquement occupé à satisfaire les caprices de sa femme. Il est
soumis face à ses fantaisies : « accoutumé à ces admirations », « son mari
attendait patiemment dans sa frêle voiture ».
B. Mme d’Hubières : -elle a du caractère : «
conduisait elle-même ».
-Elle est en
mal d’enfant : « Il faut que je les embrasse ! Oh ! Comme je voudrais en avoir
un ».
-Elle a
prémédité cette adoption : « reparut tous les jours, les poches pleines de
friandises et de sous .
-Mme
d’Hubières apparaît puérile. Elle est habituée à tout obtenir : « une voix
d’enfant dont tous les désirs ordinaires sont satisfaits ».
-Elle se
comporte comme une enfant gâtée impatiente d’assouvir ses désirs : « une
ténacité de femme volontaire et gâtée », « trépignant d’impatience ».
-Le
narrateur donne ainsi du couple une image plutôt péjorative.
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