Economie et performance collective
Economie et performance collective
Les bilans de la résidence Salvatierra à Rennes, de
BedZed dans la banlieue de Londres, de la ZAC de
Bonne à Grenoble… vont toutes dans le même sens :
le surinvestissement, de l’ordre de 5 à 10 % selon les
projets, permet des gains de 30 à 50 % sur la facture
énergétique. Les maisons passives des Hauts de Feuilly
à Saint-Priest, plus récentes, prévoient 63 % de
réduction des coûts énergétiques par an soit environ
1 000 € par an pour une maison de 120 m2.
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La rentabilité du modèle sobre en énergie n’est donc
pas encore un levier pleinement convaincant et dépend
du coût de l’énergie, actuellement encore bas par
rapport aux prévisions. Cependant, un promoteur de
la ZAC de Bonne a affirmé que les caractéristiques
environnementales constituaient des arguments
commerciaux de mieux en mieux compris et que
participer à ces projets technologiquement précurseurs
étaient importants même si la rentabilité économique
n’égalait pas encore les projets plus classiques.
Les bâtiments sont encore loin d’être évalués et
conçus en fonction de leur coût global, c’est-à-dire
sur l’ensemble de leur cycle de vie mais également
en ajoutant aux problématiques économiques, les
externalités et coûts environnementaux et sociaux.
Consommations conventionnelles Economie %
Maison
classique
RT 2005
Maison
passive
Chauffage
Rafraichissememnt estival
Eau chaude sanitaire
Auxiliaires chauffage, ventilation
Autres usages (éclairages, électroménager…)
Abonnements
TOTAL
-88 %
240 %
-70 %
-24 %
-40 %
-44 %
-63 %
-630
24
-136
9
-168
-84
-985
90
24
58
46
254
105
577
720
0
194
37
422
189
1562
Chauffage
Rafraichissememnt estival
Eau chaude sanitaire
Auxiliaires chauffage, ventilation
Autres usages
(éclairages, électroménager…)
Abonnements
TOTAL
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
SÉRIE 1
SÉRIE 2
Tableau comparatif des coûts d’exploitation Maison RT 2005 / Maison passive,
Projet de la ZAC des Hauts de Feuilly, Arch. Atelier Thierry Roche & Ass.
Si la concertation s’impose progressivement comme
le concept de gouvernance durable, son succès dépend
bien souvent des modalités de son application. La
population, la forme et les thèmes couverts sont
parfois mal définis. En faisant entrer la concertation
dans le droit, les pouvoirs publics en ont fait une
obligation de moyens plus que de résultats. La
démarche consiste aujourd’hui à recueillir des avis
sur des projets préétablis, sans avoir bien précisé les
modalités de leur prise en compte. Rares sont les
expériences où la concertation a permis d’apporter
des réponses collectives à un problème posé. Il
s’agit pourtant d’encourager la co-construction
des solutions entre toutes les parties prenantes.
L’histoire du quartier londonien de Coin Street
est la preuve qu’une mobilisation des habitants
peut nourrir efficacement voire même conduire à
repenser intégralement un projet. Dans ce cas, la
mobilisation a été le point de départ d’une démarche
plus associative et participative dépassant la simple
5 Concertation et pédagogie
concertation. A contrario, l’absence ou le retard de
la consultation des habitants de certains quartiers de
Barcelone ont conduit à des difficultés d’acceptation
des aménagements proposés par la ville.
Pour l’agglomération rennaise, l’Agence de l’Urbanisme et
l’Ademe ont mis en place une « Approche Développement
Durable dans les Opérations d’Urbanismes », l’ADDOU.
Cette méthodologie d’évaluation et de concertation en
amont des projets est réalisée à la demande des élus
dans leurs communes, lorsqu’ils le souhaitent. Elle
consiste tout d’abord à tester les élus, de voir où ils en
sont, d’évaluer leur niveau de connaissances et ce que
signifie pour eux « faire du développement durable ». A
partir de là des ateliers sont ouverts le soir au public
et aux parties prenantes. Les grandes thématiques qui
peuvent se présenter dans une zone d’aménagement
sont étudiées, comme par exemple, les
déplacements, les activités, les services
à la population, l’énergie, l’habitat, les
déchets, le bruit, les économies d’eau ou
une discussion sur la notion de forme
urbaine, l’environnement, le paysage. Le
Conseil Municipal définit ensuite ce qu’il
souhaite sur la zone d’aménagement, les
critères retenus, les priorités et les objectifs.
Cela permet d’établir le cahier des charges
pour l’équipe de maîtrise d’oeuvre qui
va travailler sur la ZAC. Bien souvent,
ces ateliers sont en même temps une
mise à niveau culturelle de l’ensemble des
personnes autour de la table, permettant de
présenter des pratiques menées à l’étranger
ou ce qui est déjà réalisé en France.
Ces démarches de démocratie participative pouvant
se concrétiser par la création d’ateliers locaux
d’urbanisme doivent être mises en place en amont, dès
les premières hypothèses de programmation afin de
permettre réellement aux habitants de réagir, voire de
travailler sur les projets. Une simple discussion en aval
du projet, même très démocratique, sur le matériau (ou
la forme) des toitures ou sur la couleur des volets d’un
projet ficelé est, à l’inverse, un vrai leurre.
Les architectes ont vocation à être les partenaires et les
pédagogues d’une démocratie participative aboutie car
celle-ci permet d’éclairer la démocratie représentative
et les propositions techniques des experts et acteurs de
la chaîne de la construction. La limiter à un simple rôle
de garantie d’acceptabilité sociale de projets réalisés en
chambre serait la vider de son sens et la condamnerait.
Proposition spontanée des citadins pour la rénovation du quartier
par les « Veïns en Defensa de la Barcelona Vella », Barcelone © R. Balanzo
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